2. Résultats et analyse

Article rédigé le 05/09/2009 - Eric

Intro

Nous sommes tous arrivés à Chamonix quelques jours avant la course. Certains d'entre nous en ont profité pour passer un séjour en montagne avec toute leur famille et cela a été une franche réussite.

Mercredi, quelques-uns ont choisi de randonner. Jean-Christophe et sa famille ont quelque peu augmenté le kilométrage d'échauffement prévu. En effet, ils se plaisaient tellement bien dans les hauteurs qu'ils ont loupé le téléphérique de retour et ont dû s'enfiler toute la descente à pied...

Pour ma part, repos et farniente à l'appart m'ont très bien convenu.

Fin de journée, nous nous sommes retrouvés pour échanger les derniers conseils, parler roadbook, tactique...

Mardi à 22h, quelques-uns d'entre nous ont assisté au départ de la Petite Trotte à Léon. Malgré l'heure tardive, le centre de Chamonix était noir de monde venu encourager les 60 équipes de 3 personnes. Premiers moments d'émotions, premières ambiances...

Jeudi, après le retrait bien structuré et organisé des dossards, les deux journalistes de la RTBf nous ont rejoint pour nous soumettre à un petit interview afin de récolter nos impressions d'avant-course. Pour eux aussi la tâche allait être ardue. Rejoindre les différents coureurs des deux courses de part et d'autre des montagnes n'allait pas s'avérer de tout repos.

Vendredi matin, le club des 5 de la CCC sont parties en bus à Courmayeur par le tunnel du Mont-Blanc pour y prendre le départ de la course à 10h. Pour les 3 Utmbistes, l'arrangement final des sacs et la petite sieste dans l'après-midi ont précédé leur départ qui a été donné à 18h30 au centre de Chamonix.

La CCC

Un peu plus de 1800 coureurs ont pris le départ de la course. 1266 ont rallié l'arrivée.

Jean-Luc et Jean-Christophe ont bouclé le parcours. Sophie a dû renoncer à Champex pour ne pas aggraver sa blessure au pied. Quant à Marie et Anne, à leur grande déception, elle ont été un poil trop lentes et se sont fait arrêter par la barrière horaire de Bovine.

Leur progression est reprise dans la pièce jointe ci-dessous (CCC_Classements.xls).

Jean-Luc, Jean-Christophe, Anne et Marie ont été surpris par la longueur et la durée des montées et descentes. Rien à voir avec nos parcours belges bien entendu!

Connaissant le parcours, Sophie et moi avions prévenu que la difficulté de la CCC et de l'UTMB était davantge liée au dénivelé qu'à la distance.

Mais c'est en réalisant l'épreuve qu'on s'en rend vraiment compte!

Jean-Luc

Jean-Luc a fait une très belle course conforme aux attentes en 23h46 à la 825ème place. Il était prêt et a terminé dans un bon état de fraîcheur. Belle réussite pour une première.

Jean-Christophe

Pour JC, ça a été un peu plus rock'n'roll! Il a fleurté avec la barrières horaires pendant toute la course. Pourtant, il a su compenser le manque d'entraînement spécifique au dénivelé par une organisation de sa course et une concentration sans faille. Il n'avait que l'objectif final en tête et l'a atteint en puisant dans ses réserves. A l'arrivée, il a ému tout le monde tant il était ému lui-même de ce qu'il venait de faire. Vu son endurance de base, il est assuré qu'un entraînement spécifique notamment en descente lui permettrait de gagner vraiment beaucoup de temps. Enfin, sans doute est-il parti trop prudemment mais il a suivi mes conseils. Il a perdu du temps dans les bouchons du départ à un moment où il n'était pas utile pour lui de se reposer. Belle réussite de terminer en 25h43 à la 1237ème place pour l'athlète du groupe qui s'est entraîné souvent comme il l'a senti!

Sophie, Anne et Marie

Sophie, Anne et Marie n'ont pas eu la chance d'aller au bout.

Pour Sophie, sa blessure au pied n'était pas encore suffisamment rétablie. Elle a préféré renoncé plutôt que de prendre le risque d'aggraver la situation. Elle était certes déçue mais gardait en mémoire sa réussite de 2008 en ma compagnie.

Pour Anne et Marie, ça s'est joué à peu de choses. Elles sont arrivées quinze minutes trop tard à la barrière horaire de Bovine. Je pense qu'en passant Bovine qui constitue assurément une difficulté technique majeure du parcours, elles auraient pu rester en course et peut-être aller au bout comme JC.

Leur déception était grande mais ce n'est pas un échec total, loin de là.

Tout d'abord, que de chemin parcouru en un an. S'arrêter après 70km et 4000m de dénivelé sans être particulièrement éreintées alors qu'un an plus tôt, la course se limitait à une vingtaine de km par semaine, c'est déjà un exploit!

De plus, tous les efforts consentis ont contribué à développer une excellente condition physique.

Alors qu'a-t-il manqué? Y a -t-il eu des erreurs?

D'une part, je pense que c'était une mauvaise idée de vouloir faire la course en groupe. C'était trop risqué par rapport aux barrières. En effet, en groupe, le rythme est toujours donné par le plus lent et le plus lent en montée n'est pas forcément le plus lent en descente. De plus, les coups de barres n'arrivent pas au même moment dans le groupe et enfin, le fait d'évoluer ensemble conduit à décharger une part de concentration sur d'autres membres du groupe. Avec 3 coureurs capables de terminer en 20 heures, pas de souci, on peut tenter de faire toute la course ensemble mais pas quand on est un peu juste!

D'autre part, il y a eu une petite perte de temps inutile au ravitaillement d'Arnuva. L'avance sur la bariière a été consommée alors qu'il aurait fallu se remettre rapidement dans la course. C'est facile à dire quand on a une certaine expérience, c'est moins facile à faire quand on découvre...

Par rapport à l'entraînement, on aurait peut-être pu tenter un trail intermédiaire de 60 ou 70km en montagne en juillet. Mais je trouvais cela trop risqué au niveau de la fatigue induite et des blessures potentielles qui auraient pu en découler. Même sans cela, Anne a déjà eu du mal à se défaire d'un début de tendinite au fascia lata.

L'entraînement depuis janvier et encore plus depuis juin a été costaud. Le dénivelé et les longues sorties se sont succédés, sans pour autant laisser de côté des entraînements plus rythmés et rapides. C'est déjà très bien d'avoir supporté une telle quantité d'entraînements. Ca me semblait difficile de remettre encore une dose sans compromettre la récupération nécessaire...

La prochaine fois, je suis sûr que la réussite sera au rendez-vous et qu'elle n'en aura que plus de saveur.

L'UTMB

Géry

Pour Géry, c'était mission impossible. Blessé au tendon achillien et au talon depuis de nombreux mois, son année 2009 a été une année de galères. Depuis quelques semaines, il entrevoit seulement les premiers signes d'une amélioration. Parcourir l'UTMB dans ces conditions relevait de l'inconcevable mais Géry avait tenu à prendre le départ. Après une trentaine de km et déjà un bon paquet de mètres de dénivelé, il a donc arrêté, motivé comme jamais de remettre le couvert après guérison.

Brigitte

Grand respect pour la très belle performance de Brigitte. Increvable en côtes et endurante à souhait en longues distances, elle termine brillament en 42h46 à la 876ème place. Pourtant, sa non connaissance de la montagne aurait pu lui jouer un sale tour tout comme les difficultés qu'elle éprouve dans les descentes un peu techniques. Retardée par le brouillard dans le col du bonhomme et par la difficulté de la descente vers les Chapieux, elle a su rester concentrée tout en partageant le trajet avec de nombreuses nouvelles connaissances. De plus, elle a judicieusement changé de chuassures à Courmayeur pour plus de confort, las autres devenant insupportables. Enfin, elle est arrivée dans un assez bon état de fraîcheur.

Eric

Il est toujours un peu plus délicat de parler de soi-même...

Je suis très content de ma course que je termine en 38h51 à la 478ème place. Cela me fait une grosse progression par rapport à 2007, récompensant notamment les modifications apportées à l'entraînement.

Pourtant, j'ai eu bien peur de ne pas y arriver. Un ongle incarné extrait in extremis le jour avant la course (Merci Marie!) m'a épargné des douleurs qui seraient vite devenues insupportables en descente. Par ailleurs, après 30km, le névrome de Morton que j'ai au pied gauche me faisait franchement mal. J'ai tenté un joker en plaçant des nouvelles semelles orthopédiques dans mes chaussures et ce fut un miracle: quinze minutes plus tard, les douleurs avaient disparu! Heureusement que j'avais choisi de les emporter!

Pour le reste, je pense avoir gérer l'épreuve comme je devais le faire. J'ai eu un peu plus de difficultés à gérer le manque de sommeil durant la seconde nuit, comme tout le monde sans doute. J'ai assez mal descendu les descentes vers Trient et Vallorcine de nuit. J'étais "gauche" et je ne voyais pas grand chose. Cependant, cela a permis d'économiser des forces et de me sentir à nouveau en pleine forme pour les 20 derniers kilomètres qui resteront un souvenir marquant tant j'ai apprécié pouvoir effectuer la fin de course aussi rapidement.

Y a-t-il moyen de faire mieux? Peut-être mais ce n'est pas certain. S'il est possible d'affiner encore un peu l'entraînement spécifique, la gestion du sommeil ou de certains aspects tactiques ou techniques, il ne sera pas possible d'améliorer de façon significative les capacités physiologiques de base qui sont les miennes. Tout au plus je peux espérer encore augmenter un peu le pourcentage d'utilisation de celles-ci sur longues distances.

Pour terminer, je retiendrai la fatigue mentale que la course engendre. On est tout le temps concentré sur la course, les ravitaillements, son état de forme, l'état de ses pieds, le timing, l'itinéraire, le chemin... La fatigue mentale était la première à se manifester en ce qui me concerne, ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Alors que les jambes étaient toujours d'attaque, il est des moments où le cerveau souhaitait faire une pause...

Je retiendrai aussi la présence de la RTBf qui a apporté un plus à notre aventure. Le journaliste et le caméraman étaient vraiment sympas et complètement dans la compétition. Il ne m'étonnerait pas de les voir prendre un jour le départ d'une des courses!

Enfin, je retiendrai les encouragements des locaux mais surtout ceux de tous les proches et amis qui nous m'ont suivi par Internet et qui m'ont envoyé tant de messages. Merci. Merci. Merci. C'est vraiment génial d'être encouragé dans cette quête d'effort gratuit.

Gratuit mais pas inutile pour autant. Se préparer, tenter d'aller jusqu'au bout, d'atteindre un objectif, ne pas baisser les bras, découvrir ses ressources même insoupçonnées, ses facultés d'adaptation, découvrir l'autre dans ses plus belles différences, découvrir la beauté des sites traversés, se sentir supporté, réaliser quelque chose d'incertain en accomplissant des gestes naturels de base à savoir marcher, courir, boire et manger avec un équipement réduit, l'ultra, c'est un peu tout cela à la fois!