Courir... un état d'esprit
L'engagement, l'excellence et le respect....
Une société a récemment décidé de prendre ces trois valeurs comme leitmotivs de sa gestion des ressources humaines…
Trois mots, trois petits mots… et tout est dit.
Le trail, Captrail, pour moi, c’est ça…
Si je devais choisir trois valeurs, ce serait celles-là.
Cela définit aussi parfaitement ce qu’on appelle « L’esprit trail »*.
L’engagement, c’est regarder devant soi, aller de l’avant, c’est prendre part, se passionner, partager, être un acteur actif, visionner ses objectifs, mettre tout en œuvre pour les atteindre, c’est l’enthousiasme, l’élimination des doutes… C’est aussi du temps, de l’écoute, de l’analyse, de la réflexion, de la remise en question, de l’abnégation…
L’engagement n’est pas l’apanage des sportifs. Tout un chacun qui œuvre à la poursuite d’un but personnel ou collectif est quelqu’un d’engagé.
Chez le coureur, l’engagement personnel se traduira par la régularité aux entraînements, la fixation d’objectifs, de défis, notamment en trail et l’opiniâtreté dont il fera preuve mais aussi dans le plaisir et la fierté qu’il aura à partager sa passion avec ses proches et les autres coureurs.
L’excellence (sportive), telle que définie lors d’un récent colloque sur la psychologie du sportif de haut niveau, c’est l’expression d’un potentiel, la capacité à mobiliser toutes les ressources nécessaires pour se dépasser, pour être le meilleur qu’on peut être à un moment donné, quel que soit son âge et son niveau.
Dès lors, à mes yeux, l’appartenance à un club d’athlétisme prend tout son sens.
L’encadrement technique, humain et matériel, d’une organisation et d’une planification de l’entraînement, l’effet de groupe, autant d’éléments déterminant de l’excellence regroupés au sein d’une structure de club. Bien sûr le club est là pour rechercher les jeunes talents, pour promouvoir l’élite, pour atteindre des performances absolues de haut niveau mais à mon sens, il est surtout là pour développer l’excellence sportive, la performance par rapport à soi, par rapport à ses propres capacités, qu’on s’appelle Usain Bolt ou Gérard Dupond…
L’excellence sportive ne se conçoit pas par rapport aux autres. Ce n’est plus du sport loisir, c’est une recherche de performance contre soi-même.
Ces deux premiers points, engagement et excellence, expliquent aussi l’intérêt et la nécessité des formations approfondies, des recherches scientifiques, des lectures diverses et des avis de terrain… C’est d’autant plus utile pour le trail. C’est une discipline jeune en plein boom. Le trail présente des distances et des difficultés spécifiques différentes des disciplines classiques de l’athlétisme. Il y a encore beaucoup d’inconnues en la matière.
Mais l’engagement et la passion d’un nombre croissant de personnes, notamment de scientifiques et d’entraîneurs, montrent une évolution dans la qualité des revues spécialisées.
Ainsi, jusqu’il y a peu, pour le trail, à l’exception de l’un ou l’autre magazine, on trouvait beaucoup de « recettes » toutes faites. Les plans d’entraînement trail étaient placés hors contexte, des consignes étaient données parce qu’elles avaient fonctionné pour celui qui les donnait etc…
A présent, en raison de l’engagement et la volonté de recherche d’excellence de certains, en raison aussi de la popularité des courses hors normes, des précisions sont apportées. Par exemple, dans le Esprit Trail n°34 (mars/avril 2010), parlant de la nécessité de récupération après un trail, l’auteur – engagé - de l’article décrit point par point les effets dévastateurs d’un point de vue physiologique et le protocole de récupération. C’est précis et concis, c’est pointu tout en étant compréhensible pour tout le monde. Quand on a lu cela, on comprend l’intérêt de se reposer… pour poursuivre sereinement la quête de son excellence sportive.
Enfin, le respect est une valeur maîtresse en athlétisme et en trail.
Pour l’entraîneur, le respect des capacités et des objectifs de ses athlètes est déterminant dans la recherche de l’excellence.
Pour le coureur engagé en quête d’excellence, le respect commence par lui-même : il écoute son corps, ses besoins, il entend ses alarmes, il se soigne, il accepte ses limites, il recherche le développement harmonieux de ses capacités, de son bien être physique et mental. Le traileur sera capable de doser sa saison, mettra tous les atouts de son côté avant une épreuve importante, aura préparé sa course pour préserver son corps. Il aura pensé à son alimentation, au rythme de course, aux risques du parcours, aux aspects techniques…
Le respect des autres n’est pas un vain mot non plus, surtout en trail.
Au plus les épreuves sont longues et difficiles, au plus elles demandent beaucoup d’engagement personnel. Chacun sait ce que l’autre, qu’il soit premier ou dernier, a dû faire pour ne fut-ce que terminer l’épreuve. Cela provoque de l’empathie, de la sympathie, cela crée des amitiés même en cours de course, l’entraide est présente en course… On apprend à faire preuve d’humilité.
Comme Jack Peyrard, organisateur de course, le dit dans le dossier spécial d’Ultrafondus « Plus tu allonges la distance, plus tu deviens humble, plus tu respectes, plus tu minimises ton exploit, plus ton aura grandit ». Je dirais plutôt… « Plus l’effort semble inaccessible et difficile… »
Enfin, il y aussi le respect de l’environnement et de la nature.
C’est une valeur particulièrement véhiculée en trail. La beauté des paysage, des chemins empruntés et leur fragilité imposent le respect, titillent la conscience de l’importance de leur conservation et modifient peu à peu les comportements. Peu à peu, on se rend compte de la chance qu’on a en participant à de si belles épreuves et en toute humilité par rapport à son propre engagement et à sa propre recherche d’excellence, on se dit en regardant tout cela au détour d’un chemin : Respect et merci !
Eric - 27/03/2010